Cultiver au-dessous de zéro
L’agriculture d’hiver est un projet de l’équipe de la ferme depuis quelques années. C’est au fil d’expérimentations qu’elle a élaboré des méthodes pour y arriver et qu’elle continue de les développer. Elle cultive aujourd’hui une trentaine de légumes pendant toute la saison froide.
«On veut inspirer d’autres maraîchers. Beaucoup d’agriculteurs ne savent pas qu’il est possible de cultiver en hiver. Il faut suivre des lignes directrices, mais l’agriculture hivernale est possible dans toutes les régions, en adaptant la surface des serres.» — Jean-Martin Fortier, directeur de la production maraîchère de la Ferme des Quatre-Temps
Chauffer sans électricité
Différentes techniques sont utilisées pour que les serres restent chaudes en hiver sans avoir recours à l’électricité. Par exemple, des planchers radiants constitués de tuyaux remplis d’eau enfouis sous la terre sont chauffés par le soleil dont la chaleur est absorbée par le sol.
Abriter les cultures
Dans de petites serres, appelées tunnels, on dépose des couvertures flottantes, très légères, sur les cultures. Elles laissent passer la majorité de la lumière et gardent la température autour des légumes un peu plus élevée. Une seule serre est chauffée au propane, mais au minimum possible. On ne cherche pas à atteindre de très hautes températures.
Semer à l’automne
Certains légumes supportent bien une température modérée, dont plusieurs verdures, comme la bette à carde, la roquette, les pousses de moutarde ou encore le tatsoï. Ces légumes qui poussent en hiver sont semés à l’automne. Les plants tombent en dormance de novembre à janvier, quand les journées sont plus courtes, et la croissance reprend lorsque les journées allongent, en février.
Goûter la différence
À cette période de l’année, le goût des légumes est encore plus puissant que ce qu’on a l’habitude de manger: les épinards sont légèrement sucrés, la roquette est intense et piquante, et la mâche a une forte saveur végétale.
«En se protégeant du froid, les légumes développent du sucre, et ça crée un goût différent, propre au climat hivernal du Québec.» — Chloé Trudeau, directrice générale de la Ferme des Quatre-Temps
Améliorer l’offre locale
À la Ferme des Quatre-Temps, l’objectif n’est pas de faire pousser des tomates ou des fraises en plein mois de février. «On veut offrir un complément aux légumes racines qui sont récoltés l’été et l’automne, puis mis en cave. La combinaison de ces types de légumes permet de créer une belle offre locale», explique Jean-Martin.
Partager les connaissances
Même si ce modèle d’agriculture hivernale reste méconnu, quelques fermes s’y mettent. Il existe une grande ouverture au partage des connaissances, mais nous ne sommes pas près d’apercevoir les fruits de ces récoltes dans nos supermarchés, comme l’indique Jean-Martin: «Il faudrait 10 000 fermes comme la nôtre pour fournir les grandes chaînes d’épicerie. Par contre, ce serait possible pour un maraîcher de s’associer avec une épicerie locale et de créer des partenariats.»