Recettes  

Zoom sur les bactéries probiotiques

On connaît bien les antibiotiques, ces médicaments prescrits pour lutter contre les bactéries responsables des maladies infectieuses. Mais il existe d’autres moyens de renforcer les défenses de notre corps. Et ce qui retient l’attention des chercheurs, ce sont les bonnes bactéries dites probiotiques, que l’on trouve à l’épicerie dans une multitude d’aliments ou en pharmacie sous forme de suppléments. Coup de marketing ou bienfaits réels pour la santé ?

Il y a près d’un an, j’en ai appris davantage à ce sujet lors du premier sommet mondial sur le microbiote intestinal et la santé à Évian, en France, en compagnie de médecins gastroentérologues, pédiatres, chercheurs, nutritionnistes et autres professionnels de la santé. Comme vous, j’ai d’abord découvert un nouveau mot : le microbiote ! Euh… ça mange quoi, au juste, en hiver ?

Le microbiotique, un nouvel organe unique

Ce qu’on appelait communément la « flore intestinale » a été rebaptisé. Désormais, on utilise le mot « microbiote » pour parler de l’ensemble des micro-organismes qui peuplent notre tube digestif. Difficile d’imaginer que toutes ces petites choses pèsent au total entre 1 et 2 kilos… assez pour que l’on considère le microbiote comme un organe aussi actif que le foie. Le microbiote, qui s’enrichit et se renouvelle constamment au cours de notre existence, est unique à chaque personne, comme nos empreintes digitales.

Première ligne de défense

Autre fait étonnant, il y a davantage de bactéries dans notre tube digestif que de cellules dans tout le corps humain. Et c’est justement dans notre intestin que réside 70 % de notre système immunitaire : une véritable armée composée de 100 000 milliards de bactéries (pensez-y, 100 000 000 000 000, soit le chiffre 1 suivi de quatorze zéros) qui combattent les microbes, virus et autres agents néfastes. Tout un écosystème ! Voilà pourquoi il faut en prendre soin, étant donné que plusieurs facteurs (le stress, le vieillissement, les mauvaises habitudes alimentaires, le voyage, la maladie ou la prise d’antibiotiques) peuvent l’affecter. Des événements qui peuvent même survenir très tôt dans la vie.

Dans le ventre de sa mère, l’intestin du fœtus est stérile, donc exempt de bactéries. Puis, dès sa naissance, le système digestif du bébé va se coloniser peu à peu : d’abord au moment de l’accouchement, puis au contact de ses parents, de son environnement, de son alimentation, etc. On estime que la colonisation des bactéries dans le tube digestif est achevée dès l’âge de 18 à 24 mois et que sa composition peut avoir des effets sur le développement et le risque de maladies durant l’enfance et l’âge adulte.

Probiotique: Une définition

En 2002, près de 100 ans après les travaux du professeur Metchnikoff (voir l’encadré ci-contre), l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) définissent les probiotiques comme étant des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé de l’hôte, au-delà des effets nutritionnels traditionnels.

Yogourt et bonnes bactéries

Un lien entre le microbiote et les aliments a été établi au début du siècle dernier à l’Institut Pasteur de Paris. En 1908, le microbiologiste Élie Metchnikoff, un élève de Louis Pasteur et lauréat d’un prix Nobel pour ses travaux sur l’immunité, est le premier à parler des effets bénéfiques du yogourt sur la santé.

Il laisse entendre que les bactéries présentes dans le yogourt (et autres produits laitiers fermentés) ont une influence positive sur la microflore intestinale, en plus d’empêcher la formation de toxines. Plus encore, pris sur une base régulière, le yogourt pouvait expliquer en partie l’étonnante longévité des Bulgares, dont plusieurs sont centenaires.

Ces bonnes bactéries peuvent aider à renforcer les défenses naturelles de notre corps de plusieurs façons :

1/ en favorisant une bonne digestion;

2/ en accroissant l’absorption des vitamines et minéraux;

3/ en atténuant les inconforts intestinaux;

4/ en empêchant certaines infections microbiennes.

Des bienfaits réels pour tout le monde et particulièrement intéressants pour certaines personnes ayant des troubles digestifs (régularité, syndrome du colon irritable) ou immunitaires (grippe, maladies allergiques), ou pour les problèmes de diarrhées associés à la prise d’antibiotiques. D’ailleurs, Santé Canada vient tout juste d’approuver l’utilisation du BioK+ en milieu hospitalier pour aider à réduire le risque de diarrhée associée au Clostridium difficile. Une première mondiale pour un produit de santé naturelle conçu par une entreprise de chez nous.

Pas un, mais plusieurs probiotiques

Avouons-le : ces sympathiques bactéries ont des noms plutôt rébarbatifs : Bifidobacterium lactis BB12 ou DN173-010, Lactobacillus rhamnosus GR-1 ou acidophilus LA-5… Même avec mon diplôme de nutritionniste, j’y perds mon latin ! D’abord parce que la quantité et le détail de la souche bactérienne ajoutée ne sont pas toujours mentionnés sur l’emballage. Ensuite, même si Santé Canada permet quatre allégations généralisées pour les espèces bactériennes admissibles, aucune réglementation canadienne ne permet de faire d’allégation spécifique à la souche sur l’emballage, du moins pour l’instant. Finalement, parce que certains aliments avec probiotiques donnent parfois des résultats chez certaines personnes présentant certains problèmes de santé. Comment savoir ? En allant lire les études en question sur le site Web de la compagnie ou dans une publication scientifique…

Que doit-on retenir ? Que les bactéries probiotiques sont aussi différentes les unes des autres qu’un violoniste classique et un saxophoniste de jazz, pourtant deux musiciens de haut calibre. C’est pourquoi il faut plutôt parler d’effets potentiels des probiotiques, selon le type d’étude réalisée et la souche de bactérie utilisée. Car les probiotiques ont des limites : tout comme la ceinture de sécurité, ils peuvent nous protéger dans certains cas, mais pas dans tous les cas. Et comme ces bactéries sont vivantes, mais pas éternelles, il faut aussi s’assurer de consommer régulièrement les aliments qui en contiennent – en d’autres mots tous les jours – pour renouveler sa flore.

À défaut de certitudes, il n’y a pas de danger à inclure dans son menu des aliments enrichis de bactéries probiotiques. Plusieurs consommateurs, peu importe l’âge, peuvent même en tirer des bénéfices. Par exemple, ceux ayant un transit intestinal lent, un syndrome du colon irritable ou certains types de diarrhée peuvent voir leurs symptômes atténués ou écourtés grâce aux probiotiques. Cela vaut donc la peine d’en discuter avec son médecin ou une nutritionniste pour bien sélectionner la souche de bactéries appropriée à sa situation.

Probiotiques: Dans quels aliments?

Plusieurs aliments vendus en épicerie sont maintenant enrichis de probiotiques : des yogourts aux céréales, en passant par les fromages, les laits et les jus. Pour obtenir un effet significatif sur la santé, on considère qu’il faut ingérer un aliment contenant un nombre minimal de bactéries vivantes et faire en sorte qu’elles le demeurent une fois passées par l’acidité de l’estomac et arrivées dans l’intestin. On parle pour l’instant d’un chiffre d’au moins 1 milliard de bactéries par portion de 100 g dans le cas du yogourt (ex. Yoptimal, Liberté, Activia, BioBest, Iögo Probio) et du kéfir, 30 g pour un fromage (ex. Allegro Probio, cheddar LiveActive) ou 250 ml pour du lait (ex. boisson laitière Pro). Certains aliments (ex. DanActive, BioK+) peuvent en fournir beaucoup plus, soit 10, 50 et même 100 milliards par portion, bien que la dose idéale à consommer ne fasse pas encore consensus parmi les experts.

Des probiotiques dans sa valise?

Si vous prévoyez un voyage dans le Sud ou dans un pays ayant un risque modéré à élevé de diarrhée du voyageur, la prise de probiotiques avant, pendant et après votre séjour peut vous être utile. Comme ce sont des bactéries vivantes, vous devez en prendre tous les jours pour profiter de leurs bienfaits. Même si la littérature scientifique sur le sujet n’est pas aussi abondante que pour d’autres problèmes de santé, les probiotiques pourraient vous aider en renforçant vos défenses immunitaires. En cas de diarrhée, la durée pourrait aussi être moins longue. Privilégiez les probiotiques en comprimés (ex. Probaclac, BioK+) qui ne requièrent aucune réfrigération ou les bâtonnets de probiotiques (ex. Jamieson) sous forme de poudre à dissoudre sur la langue. Suivez les indications mentionnées sur l’emballage et n’oubliez pas les règles d’hygiène toujours de mise en voyage, comme se laver les mains souvent, éviter de manger des viandes et des poissons crus et opter pour de l’eau embouteillée.

Hélène Laurendeau

Passionnée d’alimentation, de santé et de voyages gourmands, Hélène adore partager ses trouvailles avec le grand public. Diplômée en nutrition (Université de Montréal) et en épidémiologie (McGill), elle est active dans les médias depuis plus de 25 ans. À la télévision, elle fait équipe avec Ricardo depuis 2005 pour vulgariser ses connaissances avec la bonne humeur qu’on lui connaît. À la radio, Hélène collabore aussi chaque jeudi à l’émission Bien dans son assiette (Ici Radio-Canada Première). On peut également la lire dans le magazine Ricardo. Pour suivre Hélène sur les réseaux sociaux :
Twitter : @Hlne_Laurendeau
Facebook : Hélène Laurendeau Nutritionniste

La gourmandise au bout des doigts !

Avec le magazine RICARDO, accédez à une foule de recettes et conseils, en plus de faire des découvertes gourmandes d’ici et d’ailleurs.

Je m'abonne